Des nanoparticules dans les cosmétiques ? Cela vous paraît incroyable ? Et pourtant : si l’on parle surtout des nanoparticules et de leur nocivité lors des pics de pollution atmosphérique (à raison !), elles entrent dans la composition de nombreux produits du quotidien. Dont les cosmétiques.
Faisons la lumière sur ce que sont les nanoparticules dans les cosmétiques, leurs risques et comment s’assurer une routine cosmétique sans nanoparticules.
Les dangers des nanoparticules en cosmétique : comment les éviter ?
Ecrit le 13.Jul.23 par Anne-Marie Gabelica — Mis à jour le 13.Jul.23
Des nanoparticules dans les cosmétiques ?
Qu’est-ce que les nanoparticules ?
Les nanoparticules ? D’infimes quantités de matière, mesurant entre 1 et 100 nanomètres. Traduction : 1 nanomètre ou nm = 1 milliardième de mètre ou encore 1 millionième de millimètre. Vous avez du mal à visualiser ce que cela représente ? Eh bien, les nanoparticules sont à peu près 1000 fois moins épaisses qu’un cheveu, 100 000 fois moins qu’une feuille de papier !
Les nanoparticules peuvent être naturelles : les émissions des éruptions volcaniques, des feux de forêt, les produits de l’érosion… Ou encore résulter de nos activités humaines : les fumées industrielles, les moteurs, les cigarettes émettent des nanoparticules.
Enfin, et ce sont celles qui nous intéressent en cosmétique, nous fabriquons industriellement des nanoparticules par broyage ou procédés chimiques, à partir de divers matériaux : l’aluminium, le zinc, le carbone… Et la liste des produits de consommation courante contenant ces nanoparticules est longue : appareils électroniques, textiles, médicaments, aliments… Et, donc, cosmétiques.
Pourquoi utilise-ton des nanoparticules dans les cosmétiques ?
Parce que sous taille nano, les matériaux acquièrent de nouvelles propriétés.
Ajoutées sous forme de poudre ou gel à un produit, certaines nanoparticules ont la capacité d’en modifier la couleur, la texture, l’odeur, la résistance… pour les rendre plus désirables. Ces bonbons hyper brillants ? Ces dentifrices ultra blancheur ? L’effet du Dioxyde de titane sous forme nanoparticulaire. Le sucre en poudre garanti sans paquets ? Merci les nanoparticules d’Oxyde de silice. Bref, le marketing adore les nanoparticules.
En cosmétique, plus particulièrement, les nanoparticules ont de multiples applications. Elles améliorent les effets de couleurs, la tenue ou la texture poudreuse des produits de maquillage : colorants des vernis à ongles, fonds de teint lissants, fards à paupières nacrés, poudres, rouges à lèvres longue tenue en contiennent fréquemment.
Certains composants ont, sous forme de nanoparticules, des propriétés cosmétiques qu’ils n’ont pas sous forme non-nano. Le Dioxyde de titane, par exemple, absorbe la lumière sous forme non-nano (d’où sa couleur blanche) : c’est à lui que les crèmes solaires à filtre minéral doivent leur effet masque blanc. Mais sous forme nano, hop, il devient transparent. Les fabricants ont donc eu l’idée de l’utiliser plutôt sous cette forme afin d’obtenir des crèmes solaires minérales plus fluide et transparentes, ne laissant aucune trace blanche sur la peau.
Quelles nanoparticules trouve-t-on dans les cosmétiques ?
La sélection
Les plus fréquentes, les nanoparticules de Dioxyde de titane, sont utilisées comme filtre UV, donc, mais aussi comme colorant blanc et opacifiant ou encore pour intensifier la brillance.
Les nanoparticules d’Oxyde de silice sont anti-agglomérantes, absorbantes et matifiantes.
L’Oxyde de zinc sous forme nano est colorant. Le Carbonate de calcium blanchit, comme l’Oxyde de zinc qui a en plus des vertus anti-UV.
Le Noir de carbone (obtenu après combustion d’hydrocarbures…) est un pigment noir fréquent.
Le nano-argent est un antibactérien et antifongique.
Conséquence : on en trouve… un peu partout, crèmes solaires et maquillage au premier rang, bien sûr. Mais les autres produits cosmétiques ou d’hygiène ne sont pas en reste : les nanoparticules améliorent les propriétés coiffantes des shampoings, après-shampooings et produits coiffants. Les nanoparticules d’argent se retrouvent sur la liste INCI des déodorants.
Avec leur petite taille, les nanoparticules sont largement utilisées pour améliorer la pénétration des actifs dans l’épiderme de tous types de cosmétiques : crèmes hydratantes et crèmes anti-âge notamment. Ou encore dans tous les soins avec une action anti-UV, crèmes ou fonds de teints.
Quels sont les dangers des nanoparticules dans nos cosmétiques ?
Nanoparticules et cosmétiques : un problème de taille…
Mais il y a un hic… Les nanomatériaux sont une technologie récente, dont nous ne maîtrisons pas encore tous les effets, notamment sur la santé et l’environnement. Et les quelques certitudes que nous avons n’ont rien de rassurant :
• Nous savons que certaines molécules, normalement inoffensives, deviennent instables, imprévisibles voire toxiques une fois réduites à taille nano.
• Nous savons également que, plus petites que nos cellules, les nanoparticules ont un pouvoir de pénétration sans équivalent. Elles sont capables de traverser toutes les barrières physiologiques de défense de notre corps : intestinale, encéphalique, cutanée… Et d’atteindre, via le sang, les cellules de tous nos organes. Bien sûr, elles pénètrent sans difficulté le placenta.
• Nous savons enfin que l’organisme ne parvient pas à les éliminer.
Les dangers des nanoparticules pour la santé et l’environnement
Nous n’en connaissons pas encore toutes les conséquences. Mais des chercheurs comparent les nanoparticules de dioxyde de titane à la bombe sanitaire de l’amiante !
Côté certitudes, des liens sont établis entre exposition aux nanoparticules et infections respiratoires, affaiblissement du système immunitaire, accélération de l’oxydation des cellules, et même altération de l’ADN ! Et l’ANSES considère le dioxyde de titane sous forme nano comme cancérogène. Autrement dit, il est soupçonné de favoriser l’apparition de cancers.
Evidemment, l’être humain n’est pas la seule victime. Les nanoparticules de nos cosmétiques ne sont filtrées ni par l’air ni par l’eau, elles ne sont pas non plus retenues par les stations d’épuration. Résultat, elles se retrouvent partout autour de nous et pénètrent aussi bien les cellules des animaux, des végétaux et micro-organismes que les nôtres. Leur impact sur les écosystèmes aquatiques, via nos crèmes solaires, est d’ores et déjà désastreux. Et nous ne sommes qu’au début de nos découvertes sur leur toxicité…
Nanoparticules & cosmétiques : une réglementation qui n’est pas à la hauteur
Alors, où en est la législation sur les nanoparticules dans les cosmétiques ? Que prévoient la réglementation française et le règlement cosmétique européen pour nous protéger du danger des nanoparticules ?
• Les cosmétiques ne peuvent contenir que des nanoparticules explicitement autorisées lorsque leur fonction est de colorer, conserver et protéger contre les UV : 5 sont autorisées comme filtres UV (dioxyde de titane, oxyde de zinc, MBBT Méthylène bis-benzotriazolyl tétraméthylbutylphénol et Tris-biphenyl triazine TBTP) ou comme colorant (Noir de carbone).
• Pour les autres utilisations, les composants cosmétiques doivent être indiqués sur la liste INCI avec la mention [nano] quand ils sont composés à plus de 50% de molécules sous forme de nanoparticules (autrement dit jusqu’à 50%, rien n’est précisé sur l’étiquette!). Et ne pas faire l’objet d’une interdiction ou d’une restriction explicite.
• Les concentrations maximales et tailles minimales des nanoparticules autorisées varient selon les types de cosmétiques : les filtres UV peuvent contenir au maximum 25% de particules nanométriques d’une taille minimale de 30 nanomètres. Dans les produits de maquillage, aucune limite de taille mais une concentration de 1% maximum. Dans les crèmes pour le visage ou le corps, les lotions, les soins capillaires, seule la concentration est réglementée, à des taux variables.
Retenez surtout que même renforcée depuis ces dernières années, cette législation reste pour de nombreux spécialistes bien légère face aux dangers liés à la présence de nanoparticules dans les cosmétiques…
Comment se protéger des nanoparticules dans les cosmétiques ?
Comment savoir si un cosmétique contient des nanoparticules ?
Nous jouons aux apprentis sorciers avec des particules dangereuses qui ne sont pourtant pas incontournables : dans les cosmétiques, les nanoparticules sont le plus souvent de simples additifs et non des actifs essentiels. Un dentifrice plus blanc se vend mieux mais n’est pas pour autant plus efficace contre les caries !
On pourrait sans difficultés se passer des nanoparticules dans tous les cosmétiques. C’est d’ailleurs ce que l’ANSES préconise depuis 2014 : l’interdiction des nanoparticules dans les cosmétiques et autres produits grand public. Les associations de défense des consommateurs réclament a minima un moratoire sur les nanoparticules de dioxyde de titane.
D’autant que les obligations qui s’imposent aujourd’hui à l’industrie cosmétique ne sont pas seulement trop légères : elles restent surtout très théoriques.
Une enquête de l’UFC-Que Choisir pointait en 2018 l’impunité totale des industriels : sur 10 produits analysés contenant des nanoparticules, 8 ne le signalaient pas. 5 ans plus tard, en 2022, un autre organisme, Avicenn, démontrait qu’aucun progrès n’avait été réellement fait.
Conclusion : avec une législation peu protectrice et des industriels qui ne jouent pas le jeu, il va falloir partir vous-mêmes à la chasse et adopter les bons réflexes pour éviter les nanoparticules dans les cosmétiques.
Peut-on éviter les nanoparticules dans les cosmétiques ?
Se protéger des nanoparticules des cosmétiques, c’est possible. A condition de s’informer et connaître les bons réflexes à adopter.
Pour vous préserver des nanoparticules, méfiez-vous particulièrement de certains cosmétiques
1) Fuyez les (rares) produits qui indiquent honnêtement la mention [nano] dans leur composition et les produits listés par l’UFC-Que Choisir ou d’autres associations.
2) Soyez particulièrement vigilant·e·s avec les produits appliqués sur les zones de peau fine, lésée ou fragilisée : cela décuple le pouvoir pénétrant des nanoparticules de vos cosmétiques. Les déodorants, notamment sur aisselles rasées, les crèmes solaires dont l’ANSM déconseille l’utilisation sur le visage et sur tout coup de soleil, les dentifrices ingérés et en contact direct avec la muqueuse… Attention également aux produits qui restent sur la peau : maquillage, crème de soin, eaux micellaires…
3) Dans le doute, évitez les produits en spray qui favorisent l’inhalation des nanoparticules et l’atteinte pulmonaire et ceux comportant du dioxyde de titane, même sans mention [nano]. Enceinte, pour les enfants : redoublez de vigilance, risque d’inhalation ou pas.
4) Le catalogue des nanomatériaux utilisés en cosmétique établi par la Commission européenne donne des repères sur les familles de produits les plus concernées : adoptez des réflexes de méfiance devant un produit de maquillage irisé ou longue tenue, un dentifrice plus blanc que blanc… Votre crème solaire laisse un film blanc ? Vous serez peut-être moins à votre avantage sur la plage, mais c’est bon signe pour votre santé !
Adoptez les cosmétiques naturels garantis sans nanoparticules
La sélection
Comme souvent, la solution idéale se trouve du côté des produits cosmétiques naturels : ils vous mettent à l’abri non seulement des nanoparticules mais de toutes les substances douteuses (pour les repérer, aidez-vous de notre guide des ingrédients cosmétiques à éviter). Leurs actifs naturels de qualités n’ont pas besoin des nanoparticules : les huiles végétales, par exemple, pénètrent naturellement l’épiderme sans besoin d’encapsulation dans des nanoparticules.
Pour vous assurer de l’absence de nanoparticules dans vos cosmétiques :
• Vous pouvez vous fier à certains labels cosmétiques bio : Nature & Progrès, Ecocert ou Cosmébio interdisent les nanoparticules (mais attention, pas dans les produits solaires…).
• Décortiquez les chartes des marques cosmétiques. Recherchez celles qui communiquent sur l’absence de nanoparticules dans leurs compositions. Interrogez les autres.
• Adoptez nos cosmétiques naturels oOlution garanti sans aucune nanoparticule : nos déodorants solides naturels Keep Cool sans Dioxyde de titane ni aucun autre ingrédient controversé, nos nettoyants visage naturels comme notre eau florale Flower Power plutôt qu’une eau micellaire, notre huile protectrice Hello Sunshine sans filtre nanoparticulaire ainsi que tous nos soins bio visage et corps qui misent uniquement sur des actifs naturels de qualité et de confiance 😉.
Le dossier des dangers des nanoparticules dans les cosmétiques est loin d’être clos. Sans compter que les cosmétiques ne sont pas les seuls produits nous exposant aux risques des nanoparticules : elles s’invitent particulièrement dans nos assiettes via les pesticides, emballages, additifs, colorants, texturants, conservateurs…
Sous la pression d’associations, les pouvoirs publics ont promis des contrôles renforcés et de nouvelles recherches. Depuis quelques années, la DGCCRF contrôle chaque année des gammes de cosmétiques susceptibles de contenir des nanomatériaux et les résultats montrent qu’il reste beaucoup à faire ! Nanoparticules non autorisées, mal étiquetées, inférieures à la taille autorisée : en 2021, 86% des produits solaires et de maquillage restaient problématiques ! Espérons que les choses bougent rapidement, faute de quoi nous risquons de nous retrouver dans quelques années face à un scandale sanitaire similaire à celui des perturbateurs endocriniens…
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