Cancer hormonodépendant soulager son corps naturellement
Ecrit le 26.Oct.20 par Anne-Marie — Mis à jour le 06.Oct.21
Cette année, octobre se pare une 27e fois de rose pour sensibiliser au cancer du sein, à son dépistage, récolter des fonds pour la recherche. Mais Octobre Rose c’est aussi soutenir les malades. Et c’est pour vous, qui affrontez un cancer hormonodépendant et ses traitements souvent longs et éprouvants que nous voulons y apporter notre pierre. En vous proposant des pistes pour mieux traverser ces moments parfois difficiles.
Cancer hormonodépendant : mécanismes et traitements
Qu’est-ce qu’un cancer hormonodépendant ?
Nos hormones jouent un rôle clé dans le bon fonctionnement de notre organisme. Croissance, développement, métabolisme, comportement : tous sont organisés par nos hormones qui régulent l’activité de nos cellules et organes via les récepteurs hormonaux.
Parfois, la mécanique s’enraye : notre équilibre hormonal vacille avec une surproduction ou une inhibition d’hormones. Les causes ? Multiples ! Perturbations de notre rythme biologique (notamment le travail de nuit), de notre vie reproductive et hormonale, alimentation… Sans oublier les fameux perturbateurs endocriniens qui viennent (mal) imiter nos hormones naturelles. Tout cela modifie, bloque, tronque les message de nos hormones. Le fonctionnement de nos cellules et organes devient anormal, des pathologies apparaissent : puberté précoce, malformation des organes sexuels, infertilité, obésité, trouble immunitaire, maladie thyroïdienne… Ou cancer hormonodépendant des organes les plus directement régulés par nos hormones sexuelles : ovaires, utérus, thyroïde et, surtout, sein ou prostate.
Les hormones, en se fixant sur les récepteurs hormonaux plus nombreux des cellules tumorales, stimulent leur multiplication et favorisent la croissance des tumeurs. Quasiment tous les cancers de la prostate et plus des deux tiers des cancers du sein sont hormonodépendants : liés respectivement à la testostérone et aux œstrogènes et progestérone.
Des traitements spécifiques, efficaces mais lourds
Le cancer hormonodépendant du sein ou de la prostate a de très bons pronostics, depuis des années. Notamment grâce au développement d’un traitement spécifique : l’hormonothérapie. En bloquant la production des hormones ou leur fixation sur les récepteurs, elle les empêche d’agir sur la tumeur. Efficace pour contenir voire diminuer les tumeurs et prévenir les récidives, un des points noirs des cancers hormonodépendants.
Traitement de première intention, avant ou après opération, chimiothérapie ou radiothérapie, l’hormonothérapie peut durer 5, 7 voire 10 ans. A vie pour certains cancers métastatiques. Dans tous les cas, elle modifie profondément l’équilibre hormonal : en bloquant la testostérone, en cas de cancer hormonodépendant de la prostate. En provoquant une ménopause artificielle par blocage des œstrogènes en cas de cancer hormonodépendant du sein.
Ce n’est évidemment pas sans effets secondaires. Très similaires à la ménopause, même chez les hommes et plus violents car plus soudains : importantes bouffées de chaleur et transpiration nocturne, troubles du sommeil, acné. L’appétit peut augmenter ainsi que la rétention d’eau. Fatigue, douleurs articulaires et musculaires, nausées rendent moins actifs : maîtriser son poids n’est pas facile. Avec parfois des troubles cardio-vasculaires ou du diabète.
La privation d’hormones a des répercussions sur la libido et les fonctions sexuelles, avec des sècheresses vaginales ou troubles de l’érection. Certains traitements ont des effets durables : baisse de la densité osseuse avec risques d’ostéoporose et fractures. Avec tout ça, le moral en prend parfois un coup…
Comment supporter au mieux le traitement d’un cancer hormonodépendant ?
Cet inventaire peut faire peur, mais chaque patient réagit différemment : vous échapperez à certains, beaucoup s’atténueront quand votre corps s’habituera au traitement. En attendant, vous pouvez l’aider à passer l’épreuve.
Attention : informez toujours l’équipe médicale si vous envisagez des aides alternatives, même les plus naturelles. Et elles ne peuvent que vous aider à supporter votre traitement, en aucun cas le remplacer.
Médecines et pratiques complémentaires
L’intérêt des pratiques alternatives ou paramédicales est reconnu par les centres anti-cancer qui conseillent ou intègrent parfois acupuncture, hypnothérapie, massages, cures thermales, activité physique, sophrologie, diététique, sexologie pour mieux supporter les traitements.
Tai Chi ou yoga, en plus d’un effet très bénéfique tout en douceur sur les articulations et le corps dans son ensemble, jouent sur l’équilibre hormonal par des postures et la régulation du stress. Le yoga Nidra aide à mieux dormir.
Assiette et bien-être
Votre alimentation peut être d’une efficacité redoutable. Equilibrée, diversifiée, elle apporte de l’énergie, régule le poids, éloigne les risques cardiovasculaires.
Recherchez particulièrement les acides gras essentiels et vitamines B6, B9, B12 : huiles végétales, céréales complètes, persil, légumineuses, bananes, oléagineux…
Pour les os ? Calcium, vitamine D et K des brocolis et légumes crucifères, amandes, noisettes, graines de sésame, œufs, champignons, épinards, oranges, figues…
Contre les bouffées de chaleur, mangez plus léger ou fractionnez vos repas, limitez boissons chaudes et excitantes, alcools, épices et sucres raffinés. Recherchez particulièrement les oméga-3, également utiles pour la peau et contre la sècheresse vaginale.
Hygiène de vie, sport et libido
Une activité physique régulière est indispensable à la minéralisation osseuse : marche, piscine, yoga, stretching, Pilate renforceront en plus les effets de votre alimentation.
Dormez suffisamment, privilégiez des activités qui vous détendent. Et évitez le tabac, néfaste aux os et source de radicaux libres.
Enfin, essayez de prendre soin de votre libido. Si vous en avez envie, bien sûr : pas de pression ! L’activité sexuelle est bénéfique pour la densité osseuse, le poids, le moral. N’hésitez pas à consulter sexologue ou psychologue. En cas de sècheresse vaginale, utilisez des hydratants vaginaux aux compositions naturelles (évitez à tout prix la vaseline !), veillez à n’utiliser que des produits lavants doux sans agents sulfatés pour votre toilette intime.
Les plantes ? Oui mais jamais sans avis médical
Internet regorge de listes de plantes médicinales pour vous aider : attention, sollicitez toujours un avis médical préalable. Certaines ont des propriétés hormonales (et sont recherchées pour cela !) pas forcément adaptées à votre cas et votre traitement. Attention avec les conseils pour la ménopause naturelle : vous êtes dans une autre situation. Les plantes à évoquer avec votre médecin ? Guarana ou Rhodiole contre la fatigue, Valériane et Passiflore pour le sommeil, Harpagophytum, Curcuma, Bourgeons de Saule ou Bouleau contre les douleurs articulaires. Bourrache ou Onagre, généralement bien tolérées même en cure longue sont intéressante pour la peau, la sècheresse vaginale et les bouffées de chaleur.
Un quotidien (presque) sans perturbateurs endocriniens ?
L’effet direct des perturbateurs endocriniens sur les récidives de cancer hormonodépendant n’est pas scientifiquement démontré mais les médecins s’accordent sur un fait : par principe de précaution, limitez autant que possible votre exposition.
Côté alimentation : plus de bio, moins de plats industriels, de contenants plastiques, téflon, canettes et conserves. Au quotidien, attention aux retardateurs de flamme des tissus, jouets, appareils électriques, meubles, peluches… : privilégiez les normes UE, l’occasion et les matières naturelles, aérez et lavez après achat. Vinaigre blanc, savon noir et bicarbonate remplacent avantageusement les détergents industriels.
Pour vos cosmétiques, c’est zéro perturbateur endocrinien, avéré ou suspecté. Aucune confiance aveugle : décortiquez toutes les étiquettes même des produits offerts par les marques impliquées dans Octobre Rose. Le 100% bio et naturel préserve des pires ingrédients synthétiques : triclosan, parabènes, phénoxyéthanol, filtres UV synthétiques, phtalates, parfums synthétiques… Mais prudence avec les huiles essentielles. Patchouli, Sauge sclarée, Niaouli, Cyprès, Cèdre, Menthe Poivrée sont, parmi d’autres, des perturbateurs endocriniens naturels : sollicitez toujours un avis professionnel.
Peau et cheveux méritent toute votre attention
Non, ça n’est pas futile ! Ses effets sur votre peau impactent votre acceptation du traitement, votre moral. Les centres anti-cancer prévoient d’ailleurs des ateliers esthétiques. Si besoin, consultez un dermatologue, souvent grands oubliés des protocoles.
Les effets de l’hormonothérapie ? Principalement des éruptions d’acné, sur le bas du visage et le cou, accentuées par les aménorrhées liées à la chimiothérapie, entretenues par le stress : un cocktail explosif ! Parfois longues à rentrer dans l’ordre, si elles ne sont pas traitées. Mais en douceur ! Surtout si votre peau se remet d’une chimiothérapie ou radiothérapie : notre article Comment prendre soin de sa peau pendant un cancer ? vous aidera.
Les réflexes contre l’acné ?
- Une hygiène rigoureuse mais douce (jamais d’impasse sur le démaquillage !)
- une réaction rapide et localisée pour enrayer toutes les imperfections
- une hydratation quotidienne adaptée à votre peau, renforcée par un sérum anti-imperfections ou une huile purifiante pour la réguler en profondeur et limiter les poussées.
Bien choisi, le maquillage peut être parfaitement compatible avec l’acné. Ne vous en privez pas, c’est bon pour le moral !
Les cheveux ? L’hormonothérapie peut entrainer une perte de densité ou texture des cheveux. Les solutions ? Coupes régulières et bains d’huile de Ricin, faire attention à la composition de votre shampoing, fuir les silicones et colorations chimiques.
Ne minimisez pas votre ressenti
Les effets secondaires d’une hormonothérapie sont moins lourds que ceux d’une chimiothérapie, certes. Mais ne les minimisez pas. Ils ne concernent « que » votre poids et votre peau ? Ce n’est pas une raison pour encaisser sans rien dire. Ce qui importe ? La façon dont vous les vivez, leur impact sur votre quotidien et votre volonté de poursuivre le traitement.
Parlez aux soignants en cas de ras-le-bol. Des ajustements sont parfois possibles (changement de molécule, dosage, horaires de prise, pauses…), des médicaments peuvent vous soulager (parfois naturels, notamment pour les douleurs articulaires), une aide psychologique être proposée.
Acceptez de demander de l’aide à vos proches. Pas toujours facile, lorsque ces effets secondaires renvoient à une condition de malade qu’on pensait derrière nous après l’intervention ou la dernière séance de rayons. Mais vous y trouverez un précieux réconfort physique et moral.
Hôpital, médecine de ville ou associations de patients : frappez aux portes, échangez. Les professionnels et ceux qui sont passés par là savent ce qu’il vous en coûte, physiquement et psychologiquement : vous sentir compris.e peut faire beaucoup ! Les grandes mobilisations comme Octobre Rose ont largement contribué à mieux prendre en compte la qualité de vie dans la prise en charge des patients. N’hésitez pas à en parler, le cancer n’est pas un tabou !
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